Les plupart des stratégies des géants de la tech ne prennent pas en compte le poids de leurs sous-traitant ni celui de l'infrastructure.

( AFP / SEBASTIEN BOZON )
Les objectifs de neutralité carbone des géants de la tech sont fondés sur des méthodologies de calcul désormais dépassées et "ne semblent pas être ancrés dans la réalité", accuse jeudi 26 juin une étude. Depuis l'explosion de l'intelligence artificielle, ces ambitions manquent de crédibilité face à la colossale consommation d'électricité d'Apple, Google, Microsoft, Meta et Amazon.
Google, Apple et Meta se sont engagés à atteindre la neutralité carbone en 2030, Amazon en 2040, tandis que Microsoft ambitionne un bilan carbone négatif d'ici cinq ans, rappelle l'étude réalisée par des experts des engagements climatiques des entreprises, au NewClimate Institute et Carbon Market Watch. Ces objectifs sont fondés sur des méthodologies de calcul désormais dépassées et "ne semblent pas être ancrés dans la réalité", décrypte Thomas Day, du NewClimate Institute, auprès de l' AFP .
Microsoft, Meta et Amazon sont frappés d' une note "médiocre" pour l'intégrité de leur stratégie climatique ; celles d'Apple et de Google sont jugées "modérées".
La source principale de gaz à effet de serre, dans ce secteur, est la production d'électricité pour les centres de données, qui fournissent les capacités de calcul des agents conversationnels comme ChatGPT d'OpenAI. Or celle-ci a explosé au lieu de se réduire : les émissions de CO2 liées à l'électricité consommée par Google ont presque doublé entre 2019 et 2023, selon une méthode de calcul considérée comme plus juste et issue de ses propres rapports environnementaux annuels.
Les renouvelables ne compensent pas
"Il y a beaucoup d'investissements dans les énergies renouvelables mais, dans l'ensemble, cela ne compense pas la soif d'électricité du secteur", estime Thomas Day.
Certes, des entreprises comme Google ont investi massivement pour que leur électricité vienne de sources bas carbone (solaire, éolien, nucléaire...). Mais les deux groupes de réflexion suggèrent le recours au renouvelable également pour les centres de données des prestataires de ces entreprises. Des études estiment en effet que la moitié de la capacité de calcul en matière de centres de données des entreprises de la tech vient de sous-traitants et beaucoup d'entreprises ne comptabilisent pourtant pas ces émissions , souligne l'étude.
Il en est de même pour toute la chaîne d'approvisionnement des infrastructures et équipements, qui représente au moins un tiers de l'empreinte carbone des entreprises tech, selon les experts.
Seul Apple a pour but d'arriver à 100% d'énergie renouvelable à travers sa chaîne de valeur d'ici 2030, tandis que les autres n'ont pas formulé d'objectif chiffré, notent-ils.
Allonger la durée de vie et la part de composants recyclés des appareils électroniques sont l'autre solution promue par l'étude.
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